Hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon
22 h 46 à Paris
R.F.I diffuse un programme musical particulier en cette heure avancée : une musique classique de requiem est émise par le poste de radio. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés puis assassinés dans l’après-midi au Nord du Mali, à 15 km de Kidal par des ravisseurs à cette heure encore non identifiés. Acte de barbarie inqualifiable…
L’heure est grave et d’une infinie tristesse. Je me joins par ces quelques mots aux messages de condoléances aux familles et à toute l’équipe de RFI.
Indignation
Dix ans après Jean Hélène, douze ans après Johanne Suttton, R.F.I. est à nouveau endeuillée. Ghislaine Dupont et Claude Verlon nous ont quittés dans l’exercice de leur fonction : journaliste. Métier de tous les dangers…Comme l’écrit le dissident et artiste chinois Ai Weiwei : « Rendre compte du réel et de la vérité est une valeur fondamentale ».
Je pense être comme beaucoup d’auditeurs, très attachés aux programmes de RFI : journaux, magazines, reportages. Ces voix qui résonnent sur vos ondes nous sont familières : elles habitent nos foyers, nos moyens de transport…Elles nous informent et nous font voyager.
Je vous remercie pour tout votre travail…et je regrette infiniment comme beaucoup cette brusque disparition.
Le Mali a été pour vous, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, votre dernière destination.
De l’autre côté du rivage
Le vent souffle fort aujourd’hui et la pluie bataille. Ces quelques mots de William Blake résonnent dans mon coeur :
qu’ils vous accompagnent dans cette traversée. Ce poème s’appelle La Voile.
Extrait du poème
Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l’océan.
Il est la beauté et la vie. Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
Quelqu’un à mon côté dit : « Il est parti » .
Parti vers où ? Parti de mon regard c’est tout.
Son mât est toujours aussi haut, sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et au moment où quelqu’un auprès de moi dit : « Il est parti »,
il y a en d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
S’exclament avec joie : « Le voilà ».
C’est cela la mort.
Il n’y a pas de morts,
il y a des vivants sur les deux rives.
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