Paris : les réfugiés du lycée Jean-Jaurès évacués sous haute tension. La solidarité française mise à mal…
Une évacuation sous tension
De ma fenêtre qui surplombe la cour du Lycée Jean-Jaurès, se dévoile un sinistre ballet depuis 6H du matin. Des dizaines de réfugiés, sacs et couvertures sur les épaules, dépités, font face aux forces de l’ordre, venues en nombre.
Dans différentes langues, munis de hauts parleurs, des membres du collectif « la Chapelle debout » expliquent apparemment aux migrants la situation. Ils sont sommés de quitter les lieux. Dans un silence pesant, quelques protestations se font entendre.Une femme, une poussette devant elle, un bébé dans les bras, implore d’une voix criarde:
« No solution?! No solution?! ».
Des cars recouverts de graffitis et écrits de manifestants révoltés par cette « nouvelle évacuation » sont postés devant le lycée. Des manifestants scandent : « Soutien aux réfugiés! Solidarité ». La rue Clavel, petite rue habituellement paisible sur les hauteurs du XIXè arrondissement , gronde. Une élue de la Mairie fait face à un responsable des gendarmes; qui lui demande de reculer.
Nous sommes pour l’accueil des réfugiés, ce lycée est inoccupé depuis des années! Nous sommes contre cette violence policière et ces procédés indignes!
Un voisinage apaisé
Depuis leurs arrivées, une semaine environ, les réfugiés et des membres de »La Chapelle debout » ont occupé le lycée Jean-Jaurès. Les entrées et sorties étaient contrôlées. Les hébergements avaient été attribués, chacun était muni d’une clé ouvrant une salle de classe transformée en chambre. Une cuisine et des espaces communs étaient gérés collectivement, la vie commençait à s’organiser, avec dignité et dans le respect du voisinage.
Des gens du quartier ont apporté de la nourriture, des vêtements. Une matinée porte ouverte avec une fanfare avait réuni réfugiés et voisins samedi matin dans un climat apaisé et solidaire.
L’ incompréhension et l’indignation
Si tout se passait si bien, pourquoi les évacuer? Pourquoi chasser ces hommes, femmes, enfants, qui ont fui la guerre, la misère, l’oppression? La décision du tribunal d’évacuer sans délai les réfugiés a fait suite à une plainte déposée par la nouvelle Présidente de la Région Ile de France, Valérie Pécresse.
Alors qu’Alep continue à compter ces morts et que François Hollande déclarait il y a moins d’un mois au Liban, son soutien aux réfugiés, l’épreuve de la réalité, sous nos yeux, révèle une toute autre vérité. En 2015, six cent dix Syriens ont été accueillis en France, des réinstallations qui comptent parmi les trente mille relocalisations de réfugiés syriens promises cette année-là par Paris à ses partenaires européens. Un chiffre très loin d’être atteint, une énième déclaration et engagement non tenus.
Un profond sentiment de malaise m’habite, je suis le témoin impuissant d’une situation indigne et révoltante qui me dépasse…
Que vont devenir ces personnes? Ils ont été mis de force dans des bus au siège recouverts de plastique pour une destination non communiquée…m’explique Timothée de « La Chapelle debout ».
On ne sait pas où ils les emmènent…
La France se transformerait-elle en un État policier, un État « d’urgence » continu où la violence se banaliserait, comme une forme de fatalité?
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